YMCA-PRESS
NOTRE HISTOIRE
1921-1925
La Naissance
Fondés en 1921 à Prague, installés en 1925 à Paris au 10, boulevard Montparnasse, puis au 11, Montagne Sainte Geneviève au tout début des années 60, les éditions YMCA-Press ont publié de nombreux auteurs de l’émigration russe.
C’est grâce à l'aide désintéressée de l’organisation missionnaire Young Men Christian Association, avec à sa tête John Mott (futur prix Nobel de la paix) que les éditions YMCA-Press ont pu voir le jour. La grande catastrophe que constitua la Révolution russe jeta hors du pays de nombreux intellectuels qui purent, grâce aux éditions YMCA-Press, continuer à publier :
Vasilij Zenkovsky, Nicolas Troubetskoï, Konstantin Motchulski, Simon Frank, Ivan Iljin, Nicolas Lossky, père Serge Boulgakov, Lev Karsavin, Nicolas Arseniev, Gueorgy Fedotov et tant d’autres..
Parmi eux, le célèbre penseur russe Nicolas Berdiaev devint avec Paul Anderson et Boris Vycheslavtsev le directeur des éditions YMCA-Press.
Photo : Congrès de l'Action Chrétienne des Etudiants Russes, fin des années 1920.
Au centre, Nicolas Berdiaev.
1925-1940
L'essor
Cette première glorieuse période des éditions YMCA-Press voit ainsi paraître le fleuron de la pensée russe en exil.
YMCA-Press publie aussi les écrivains russes exilés tels Marc Aldanov, Nina Berberova, Ivan Bounine, Ivan Chemliov, Vladimir Khodassevitch, Dmitri Merejkovsky, Alexis Remizov, Mikhaïl Ossorguine, Boris Zaïtsev...
A cela il faut aussi ajouter de nombreux manuels scolaires et des manuels techniques mais aussi des livres pour enfants :
En 1932, par exemple, YMCA-Press publie le récit de Teffi, Baba-Yaga, illustré par Nathalie Parrain. Ce livre a connu une édition française, récemment rééditée chez MEMO et déjà épuisée.
Entre 1925 et 1940, YMCA-Press a ainsi publié 250 titres. De nombreux artistes , comme Rostislav Doboujinsji ou Dmitri Steletski illustrent les couvertures des livres.
Photo : Sainte Mère Marie de Paris (seconde en partant à gauche) au foyer du 77 rue de Lourmel
1940-1945
La Résistance
Durant la guerre, l'activité d'YMCA-Press cesse en France. L'organisation Young Men Christian Association, aux Etats Unis, se charge de publier des classique de la littérature russe à destination des prisonniers de guerre. Elle se retirera dans les années 50.
De nombreux émigrés russes prendront part à la Résistance française, comme Boris Vildé, membre du réseau du Musée des sciences de l'Homme.
Mère Marie Skobtsoff, après avoir caché de nombreux juifs au centre orthodoxe de la rue de Lourmel et sauvé trois enfants du Vel'd'Hiv, sera arrêtée avec son fils par la Gestapo.
Elle mourut au camp de Ravensbrück, après avoir pris la place d'une femme juive destinée à la chambre à gaz. Juste parmi les nations, elle sera canonisée en 2004.
Gravure du peintre Jacques Goutko réalisée au stalag de Compiègne en 1942 avec les moyens du bord.
Trouvée par Alexandre Eltchaninoff pour le site http://bibliophilierusse.blogspirit.com
1955-1970
Le Renouveau
Dans les années 60, YMCA-Press publie les auteurs interdits ou persécutés en Union soviétique : Anna Akhmatova, Varlam Chalamov, Nadejda Mandelstam, Iouri Dombrovsky, Platonov (Tchevengour), Lydia Tchoukovskaïa.
Coeur de Chien, de Mikhaïl Boulgakov sera publié pour la première fois à Paris en 1969, avec une couverture de Youri Annenkov, artiste-peintre émigré en 1924 à Paris, qui fera également beaucoup d'autres couvertures pour la maison d'édition.
Le Maître et Marguerite, le célèbre roman, sera également publié par YMCA-Press en 1967, 20 ans avant sa publication en Union soviétique.
Tableau de Natan Altman, portrait d'Anna Akhmatova
1971-1973
La Dissidence
En 1971, Alexandre Soljenitsyne, alors derrière le rideau de fer, confie à la maison d’édition YMCA-Press l’édition de son Août 14, le premier volet de son oeuvre historique monumentale La Roue Rouge. Le manuscrit est acheminé en grand secret à l’Ouest, grâce une « invisible », Assia Dourova, employée à l’Ambassade de France à Moscou.
Le travail réalisé par la maison d’édition satisfait pleinement les exigences de l’auteur, qui décide alors de confier à la maison d’édition un travail encore plus important, son Archipel du Goulag.
Dans le plus grand secret, au cœur de Paris, dans l'imprimerie Bérezniak, Léonid Lifar compose le premier tome de l'ouvrage (voir photographie, Soljénitsyne visitant l'imprimerie lors de son premier voyage en France après l'expulsion).
Nikita Struve et son épouse Marie Eltchaninoff relisent les épreuves.
Les traducteurs français sont déjà à l'oeuvre pour que paraisse au Seuil, chez Claude Durand, la version française. Celle-ci ne sera prête qu'en mai.
Crédit photo Hélène Lifar
De gauche à droite : Alexandre Soljénitsyne, l'éditeur Nikita Struve, l'ingénieur-typographe Léonide Lifar, l'imprimeur Serge Béresniak
28 DÉCEMBRE 1973
Fin 1973, la parution de L’Archipel du Goulag, en langue russe, au 11, rue de la Montagne Sainte Geneviève, éclate comme une bombe.
Il y a la queue à la librairie pour acheter le livre, jusqu'à la place Maubert-Mutualité. L'ouvrage est publié à 50 000 exemplaires, chiffre impressionnant pour une petite maison d'édition de l'émigration russe. Le tirage sera rapidement épuisé.
Les conséquences pour l'auteur ne se font pas attendre. Arrêté en février 1974, il sera expulsé hors d'Union soviétique et accueilli par la Suisse, où il s'installe dans la ville de Zürich. C'est là qu'il rédigera les chapitres consacrés à Lénine, dans La Roue Rouge.
L'Archipel
A Zurich, où il vient d'attérrir après son expulsion d'URSS, Alexandre Soljénitsyne retrouve son éditeur Nikita Struve, directeur des éditions YMCA-Press.
1975-1991
L'Association
Les années d'exil forcé seront les années fécondes de la collaboration entre Soljénitsyne et les éditions YMCA-Press. Soljénitsyne y publie non seulement ses nouveaux livres, mais il dirige également depuis le Vermont (USA), où il s'installe, deux collections de livres :
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ИНРИ (Исследования новейшей русской исчтории) qui propose des travaux inédits sur l'histoire russe contemporaine.
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ВМБ (Всероссийская мемуарная библиотека) qui comprend des mémoires inédites sur la période de la Révolution et la Russie soviétique.
Le directeur des éditions YMCA-Press Nikita Struve en visite chez l'écrivain en exil dans sa résidence du Vermont aux Etats-Unis.
1991-1995
Le Retour en Russie
Dans les années 90, alors que le rideau de fer tombe, l'activité éditoriale d'YMCA-Press ralentit. S'ouvre alors une période de transmission à la Russie de l'héritage culturel de l'émigration russe.
En 1990, une première exposition des édition YMCA-Press a lieu à Moscou, à la Bibliothèque de littérature étrangère. Les Moscovites peuvent prendre connaissance de l'histoire de la maison d'édition et même acquérir ses livres, acheminés depuis Paris. Cette exposition sera ensuite présentée à Kiev et à Saint-Petersbourg.
Durant 10 ans, grâce à l'aide de donateurs généreux et de l'Ambassade de France à Moscou, YMCA-Press va sillonner la Russie et doter une centaine de villes de la collection complète de ses éditions, en organisant aussi conférences et rencontres avec l'ancienne population soviétique longtemps privée de ce patrimoine littéraire russe par la censure.
Inauguration de la maison de l'émigration russe. De gauche à droite : Alexandre Soljénitsyne, Natalia Dmitrievna Soljenitsyna et Nikita Struve..
1995-MAINTENANT
L'Avenir
De cette collaboration avec la Russie, et notamment avec Victor Moskvine, vont naître les éditions Russkij Put', fondées en 1991 par YMCA-Press pour prendre le relais éditorial en Russie.
Puis la Maison de l'émigration russe, située dans le quartier de la Taganka qui, aujourd'hui, a pris un essor considérable, organisant de nombreuses conférences et expositions.
En mai 2019, est inauguré le Musée de l'émigration russe, qui retrace le destin des émigrés russes, contraints de fuir la Russie bolchévique au travers de nombreux objets personnels et archives.
Pour accéder au site internet de la maison de l'émigration russe, cliquez ici
Ouvert en 2019, le nouveau Musée de l'émigration russe en plein centre de Moscou, près de la place Taganskaya.
1995-MAINTENANT
L'Héritage
A Paris, la maison d'édition Ymca-Press entend désormais jouer un rôle de passerelle entre les cultures russe et française et souhaite promouvoir une certaine approche de la culture russe fidèle à l’héritage de l’émigration.
Pour en savoir plus sur la maison d'édition YMCA-Press aujourd'hui, cliquez ici
Notre librairie historique au cœur du quartier latin